COLTORTI Claudio

Ce qu’il y a de bien avec Claudio COLTORTI, c’est qu’il peint quelque chose pour que nous puissions y voir tout ce que nous voulons. Là est certainement son côté surréaliste, ce mouvement artistique dont les auteurs affirmaient que la clef était en chacun d’eux : un travail qui nous inspire donc, plus qu’il ne nous montre !

Ainsi en est-il de cette pièce représentant des miroirs et leur reflet : des paysages célestes, des avions tournoyant, des falaises, des rivages, et contre toute attente des jardins à la française. Ces flash-back qui viennent ainsi en simultané dans notre regard sont-ils fantaisies imaginaires ou ode à la mémoire ? Ils nous renvoient en tout cas aux différentes épaisseurs de l’esprit moderne et contemporain, celui que traverse la psychanalyse et qui croit aux profondeurs de l’inconscient. Miroirs fait penser à L’Extrat Plat de Jean-Michel ALBEROLA (le rapprochement n’a rien d’ironique) par le travail sur les couches de peinture. La couche de blanc qui s’ajoute finalement entre les pieds des miroirs ancre ces derniers dans un espace vaporeux et infini, à l’image de la monadologie leibnizienne, à l’image de ces causes qui se décomposent à l’infini et dont tout l’inconscient freudien s’inspire.

 

Alors que la peinture revendique ici son autonomie par rapport au sujet, Claudio COLTORTI donne à contempler dans La tasse rouge des objets qui se pervertissent. Ne serait-ce pas là une métaphore de l’équilibre, l’équilibre étant plus souvent une affaire personnelle qu’une norme venue d’en haut, ou qu’une moyenne trouvée ici-bas ? Une tasse apparaît dans une bulle, peut-être un songe. Elle est posée sur un tabouret à l’assise provisoire, tabouret aux pieds quelque peu cubistes, telles des figures géométriques au tracé bien net qui mettent cependant en dérive tout l’équilibre du support et qui font penser aux pâtes du chat saisissant un oiseau de Picasso…

A cette trahison des objets dans une mise en scène surréaliste, s’ajoute un romantisme certain dans une tringle à rideau, oui je dis bien une tringle à rideau, et non un décor de boudoir dans un hôtel particulier, une tringle à rideau donc qui tremble pendant le tremblement de terre : fabuleuse saisie du mouvement dans l’instant même de son tournoiement !

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Enfin, quoi de plus renversant que d’allonger son regard sur une chaise longue afin de contempler le rivage écorché de la côte amalfitaine ? Claudio COLTORTI dont le nom sonne plus que tout le Sud de l’Italie propose ce tour d’horizon, et cela vaut le détour !

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Françoise PRUDHAM (professeur de philosophie) : « Je trouve que vous faites une très riche analyse du tableau Miroirs et reflets. J’ai relevé plusieurs mots qui me parlent : son travail » nous inspire, « la mise en jeu de la mémoire » et de « l’imaginaire », « les épaisseurs de l’esprit » en nommant l’inconscient. Je trouve très inspiré votre commentaire de « la tasse rouge », et très bien vu ce que vous dites de « la chaise longue » ou de « la tringle à rideaux », tableau en effet très étonnant.

Annette MESSAGER (artiste) : « Merci Amelie, Annette »