BALTAR Mireille ou le langage de l’image – Galerie Prodromus, Paris 11ème

La philosophie est ce « background » de notre pensée qui nous fait apprécier l’art de deuxième ordre, celui qui est une affirmation de soi, bien plus que l’art de premier ordre qui est renoncement à soi, comme le disait si bien Simone Weil. Avoir étudié la philosophie ne nous rend pas plus intelligent. Cela amène seulement un peu plus naturellement notre esprit à vouloir disséquer ce qui est, de la même manière qu’il analysait les notions d’un texte ou d’un sujet de dissertation. L’esprit ayant ainsi pris l’habitude de plonger dans les profondeurs obscures d’une signification, il se plaît désormais à embrasser des univers artistiques très personnalisés.

Cette fois-ci, c’est le travail de Mireille BALTAR que je vous présente. Ses œuvres accrochées à la galerie PRODROMUS jusqu’au 5 septembre 2015 manifestent l’univers des contes de Grimm et des fables de La Fontaine : chats, lapins, loups, ours déambulent sur des acryliques aquarellées, mais aussi et surtout sur des gravures. L’artiste a elle aussi suivi des études de philosophie, mais son travail respire bien plus la poésie, quoi que le regard réaliste qu’elle pose sur ces histoires d’enfant nous rappelle à la lucidité dont doit faire preuve toute philosophie pour ne pas tomber dans le mysticisme, la religiosité ou la superstition.

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La démarche n’a donc rien de naïf. Elle prend consistance dans un langage, celui d’une mère qui prévient son enfant des dangers de la vie, des pièges à éviter et des apparences dont il faut se méfier : attention, il peut toujours y avoir un loup. Ces illustrations de contes donnent à voir ce qu’il y a derrière les contes. L’être mi-homme, mi-loup nous invite à la méfiance. La petite fille qui danse avec un gentil lapin nous invite à croire que le mal prend parfois l’apparence du bien. Souvenons-nous à ce titre du loup qui prend les habits de la grand-mère du petit chaperon rouge !

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La gravure est la technique artistique à laquelle Mireille BALTAR se consacre essentiellement. En effet, sont accrochées dans la galerie gravure sur carton, gravure sur céramique, eau forte. Les trois séries de gravure sur céramique manifestent encore une fois le pouvoir suggestif, ô combien immense, de l’image. Par l’image on dit tout, mais à condition que l’image ne montre pas tout ! Le « Thé à la pieuvre » en est une illustration parfaite : jeu de mots et jeu de formes dans une figuration poétique de la vie et une narration subtile des choses.

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« C’est par l’image que ma mère m’a parlé. »

Galerie Prodromus


 

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