En entrant dans la galerie, vous plongez dans un univers, et la petite toile au fond à droite « Dans l’océan, je suis tombée » est là pour vous le rappeler. Commencez d’ailleurs par celle-ci avant de vous imprégner des autres : une toile aux bleus pénétrants vous happe dans le silence éloquent de cet artiste qui dessine le monde pour pouvoir enfin le saisir, comme si elle n’y était jamais née, ou comme si il lui avait un jour échappé. Qui sait ?
Les fragments de paysages cambodgiens qui flotteront sur le fil de votre déambulation sont en eux-mêmes une peinture de l’instant, un instant qui, aux dires de l’artiste, concentre de longues méditations, comme un aboutissement ou un nouveau point de départ. Vous êtes donc ici face à une véritable peinture de l’âme, instantannée sans être instinctive…
Cette série bleue est empreinte d’une grande sérénité. Elle vous invite à porter un regard moins terrorisé sur les compositions qui la précèdent, en papier mâché et en toile de lin, jonchées de chaises, d’arbres et de troncs, de mains, de chevaux et de fer à cheval, de cailloux, de crabes, de crevettes… autant de choses qui témoignent à première vue d’une vision désespérée du monde. Or, à y regarder de plus près, vous trouverez dans ce chaos, la génération d’un nouvel ordre, le déploiement d’un monde plus que réel. Le cri d’arrachement à ce qui est n’est donc audible que dans la perception d’un nouvel ancrage.
Claude Forget (galerie Prodromus) : » J’apprécie la manière très personnelle et « sentie » avec laquelle vous parlez des œuvres. Par ailleurs, le visiteur peut obtenir, en cliquant simplement sur les images, des agrandissements de bonne qualité et entrer ainsi, autant qu’il est possible, dans la « matière » de l’œuvre. »
Cet article est imprégné d’une très grande sensibilité qui nous introduit dans ce monde de l’artiste, ou tout au moins quelque chose d’autre effleure à notre conscience, nous sort de notre moi englué comme dirait Sartre. Merci de nous faire connaître cette galerie et cet artiste.
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