La galerie saphir (69 rue du Temple – 75003) expose le travail de Sergio Birga, artiste contemporain italien. Contempler sa peinture, c’est aussi comprendre son choix de la gravure sur bois. Ces visages aux contours angulaires et aux tracés rectilignes font écho aux effets tranchés de la xylographie. En dépit d’un fort contraste chromatique, peintures et gravures se rejoignent ici par la géométrie. D’un mur à l’autre de la galerie, portraits et paysages se répondent. Ces dessins qui se heurtent sans cesse à la rigidité de la ligne ont quelque chose, ou du désespoir, ou de la mélancolie. Ils ont en somme une résonance expressionniste, ce courant artistique qui renonça à l’idéalisation naïve du réel et qui mit dans ses traits sombres et ses coloris violents, la volonté d’une retranscription sans concession des émotions.
Les personnages de Sergio Birga ont la même force expressive que ceux du peintre Oscar Kokoschka. Leur regard traduit une certaine inquiétude, un ahurissement même, face à ce que la vie leur a réservé, à eux comme à tout autre… Toute résonance étant donc la bienvenue, ainsi qu’un nouvel arôme dans une dégustation de vin, nous pouvons aussi penser à un autoportrait de Van Gogh, et ce en particulier, dans ce visage aux joues creusées par l’expérience et la lucidité. Les xylographies, Variations sur Kafka illustrant Amerika, participent de ce même esprit. L’effet hiératique du procédé témoigne à sa manière de ce désespoir, si ce n’est du regard triste et désemparé qui se porte sur une existence faite d’absurdités et d’inachèvement. Il y a donc là une correspondance entre ces gravures et ces peintures, toutes emprises à ce point d’un même désenchantement.
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