Après « Er xi, Air de jeux » d’Ai Weiwei au Bon Marché, « Empires » de Huang Yong-Ping au Grand Palais : où nous apprenons que la beauté d’une oeuvre dépend aussi de l’endroit qui l’abrite, le principe étant la lumière, celle qui se déploie par les verrières centrales de ce grand magasin de la rive gauche, ou par la nef de ce fleuron de la révolution industrielle. L’espace compte aussi plus que tout pour accueillir d’une part les formes hybrides d’Ai Weiwei, la mise en scène aérienne étant plus que nécessaire à ce bestiaire chimérique au tissage minutieux de tiges de bambou recouvertes de soie, tout emprunt de mythologie, et pour loger d’autre part l’installation monumentale de Huang Yong Ping, conçue et réalisée pour Monumenta 2016 au Grand Palais: des colonnes de containers colorés au sommet desquelles gît de tout son long le squelette d’un serpent métallique de 250 mètres et entre lesquelles est disposé un bicorne, comme pour rappeler la figure de Napoléon et son esprit conquérant.
Il y a du nouveau réalisme chez ces deux artistes : ils en partagent le détournement de l’objet, la perversion de son usage, la récupération ingénieuse de matériaux. Et… si ils ont conscience de ne pas pouvoir changer le monde, ils tiennent à s’y engager, et leur travail est à sa manière une alerte performante.