Z Le monde de l’art aujourd’hui

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Noart – Off Shore (Galerie Olivier Waltman)

Comprenez : Lavomatique pour billets de banque

La valeur d’une oeuvre d’art dépend du prix auquel elle a été estimée lors d’une vente aux enchères dans une maison de vente : Christie’s, Sotheby’s… Durant les 5 minutes de sa vente publique, elle a pu passer de 10 à 50 millions de dollars. Or les maisons de vente sont des outils de sacralisation temporaire. Le triptyque de Francis Bacon « 3 études pour Lucian Freud » a vu ainsi son prix multiplié par 100 en 10 ans, et s’est vu devenir l’oeuvre la plus chère du monde jamais vendues aux enchères. Gardons-nous de nous avouer que le peintre n’a jamais été milliardaire de son vivant !

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On imagine donc que plus c’est beau, plus c’est cher. Or quand on voit les oeuvres de Jeff Koons au Centre Georges Pompidou, on s’interroge. En effet, aujourd’hui, l’oeuvre d’art est sacralisée par sa valeur, plutôt que valorisée par son contenu. Certains vendent donc leurs oeuvres à des millions de dollars, quand d’autres peinent, alors même qu’ils possèdent bien plus le métier d’artiste. La valeur d’une seule sculpture de Jeff Koons correspond à l’ensemble des plus merveilleuses peintures de Vincent Bebert.

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     Pourquoi ?

     Parce que ces « artistes », ou plutôt ces hommes d’affaire, produisent des choses en correspondance avec les goûts de la « middle class américaine », comme l’affirme l’artiste Télémaque en constatant qu’il est exposé à Pompidou en même temps qu’un certain fabriquant de jouets pour nouveaux riches,

     Parce qu’il faut bien trouver de nouveaux fonds d’investissement,

     Parce qu’on tente de faire croire que ce qui se dit « conceptuel » en art cache quelque chose d’intellectuellement fort que le commun des mortels, ou en d’autres termes celui qui n’a pas les sous pour s’en offrir, ne peut pas saisir,

     Parce que des investisseurs ont pris la place des vrais collectionneurs dont le projet n’était pas d’étaler leur fortune mais de faire reconnaître des artistes en leur consacrant des collections durables,

     Parce que l’art est devenu le moyen de blanchir de l’argent : ceux qui achètent des oeuvres d’art à des sommes pharamineuses sont souvent des oligarques russes qui ont pillé l’état postsoviétique, ou des milliardaires issus de l’Assemblée populaire de Chine. Ils ne paient pas avec des chèques édités dans leur pays, mais avec des chèques qui proviennent de paradis fiscaux

     Parce que l’art est devenu un refuge financier mondial avec la création, par les maisons de vente, de garants, c’est à dire des hommes d’affaires qui garantissent aux vendeurs un prix minimum. Si celui-ci est dépassé (l’oeuvre étant adjugée plus chère à un autre individu ou groupe d’individus), la maison de vente et le garant se partagent le bénéfice.

Or ne perdons pas espoir !

De véritables collectionneurs, cultivés et curieux, demeurent : ceux qui achètent dans des galeries repérées pour leur aptitude à identifier le talent des oeuvres. N’étant pas dans la recherche du profit, ils ne parviennent jamais dans la zone de 100 000 dollars.

Donc pas d’inquiétude : Prospérité pour Koons ne veut pas dire Postérité !

La Balloon dog box à bouteille de champagne n’aura pas le destin des Demoiselles d’Avignon de Picasso,

ou d’Off Shore de Noart

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2 réflexions sur “Z Le monde de l’art aujourd’hui

  1. article bien argumenté et qui paraît juste; Néanmoins, j’aurais un point de vue moins tranché sur Jeff Koons. Il me semble qu’il faille s’y arrêter un peu plus!

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  2. Cet article est très intéressant, il a été écrit avec un sens particulier de l’observation . Le monde de l’art est pleine de points de vue infinis et, comme les couleurs d’une palette , chacun de ces enrichit l’image.

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