A force de transgresser les règles et de déformer la matière, Noart aura fait « dix ans de tôle ». Mystérieuse et fascinante, son exposition éduque à nouveau notre regard : une promenade au service de la découverte et de la conscience. Où avions-nous enfoui notre estime de la matière ? Qu’avions-nous fait de notre espace et de notre temps, toute fuite en avant laminée par le poids du présent, tout déploiement rétréci par la nécessité de nos F2 ? Certes, le temps passe : nous le savons plus que toute autre chose. Mais savons-nous vraiment comment il passe et ce qu’il suscite en passant ? Au-delà des formes qu’il lui donne, l’artiste laisse à la matière la mission de nous l’apprendre. Il n’imite rien, mais pourtant il dit tout. Et il n’y a pas que l’exécution à admirer. Par son habitation rythmique de l’espace, sous le regard mobile du spectateur, une fresque « constellée d’horloges à l’œuvre » s’anime et se déplace. Quelle émotion délicieuse et libératrice surgit en nous devant ces hublots sans fond, condamnés par un jeu de miroirs à n’être jamais comblés: l’infini exprimé avec tact et excellence. Au-delà de toute prudence précautionneuse, ces artistes nous présentent des objets inspirés de ces instincts proprement humains que la société a transformés en fantasmes inavouables et en faiblesses à châtier : « L’automatic fucking machine », rien que par son appellation, en témoigne amplement. Cette pièce aux allures de révolver suscite autant d’indignation que d’admiration. Désormais, à côté de la contemplation, nous collectionnons des émotions. Et c’est ici que nous expérimentons toutes les ressources de l’art. Ainsi, la beauté ne se passe pas de l’utilité. C’est pourquoi est aussi exposé du mobilier design. Tables et bureaux à l’effigie des techniques et des mêlées de matériaux : aluminium, cuivre, verre. Enfin, ce parcours initiatique s’achève par la “mise en boîte” des « Grands » de ce monde, réduits au côté le plus absurde de leur personnalité, peut-être le plus révélateur ! Par le biais d’une scénographie ironique des choses, parfois teintée d’un sévère réalisme, de véritables talents nous sont révélés. Et c’est en sortant modestement sa « boîte d’infirmière » que No art vous adressera avec autant de ferveur que de générosité l’autographe que vous lui demanderez indéniablement …
www.noart.org
laluneenparachute.com
Sylvain : « Bonjour, Amélie
J’ai regardé quelques œuvres que vous présentez. J’aime beaucoup votre écriture.
Je vous joins un petit commentaire.Mais que c’est difficile.
Par des mots simples qui courent sur vos textes, vous incitez le lecteur à s’ouvrir aux œuvres que vous présentez.
Ainsi en est-il , par exemple du fusil » L’automatic fucking machine « . Alors nous sommes amenés à partager avec vous vos émotions dans l’aspect diabolique de ce fusil qui tire ou perce, Mais qui est probablement inoffensif.
Sylvain »
Je n’ai pas vu l’expo, mais je trouve l’article très intelligemment mené.
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