Il y a du Paul Klee dans le travail de Nat Shapiro. Il en partage le goût de la ligne et de la couleur. Il y a aussi du Joan Miro. Il en partage le goût du jeu et de la fantaisie. Plasticien américain originaire de New-York, Nat Shapiro (1919 – 2005) a longtemps vécu à Paris (1961 – 1985). Son travail est tout imprégné de la culture européenne. Peintre qu’on imagine rêveur et voyageur, il est cependant plus tenant du dessin que de la couleur, celui-là déterminant le destin de celle-ci.
Eclectique dans ses thèmes, Nat Shapiro a en particulier décliné celui du cerf-colant sur un mode sériel. Formes flottantes quelque peu oniriques, ces cerfs-volants témoignent d’un trait incisif, un trait d’autant plus précis qu’il découpe les contours d’un cerf-volant objet. Que le cerf-volant objet soit lâché, ou qu’il soit « champs colorés » à la gouache ou à l’acrylique sur papier, il est le fruit d’une rigueur géométrique certaine, d’un jeu de formes qui s’harmonisent dans un mouvement unique de tournoiement et d’aplatissement.
Cette série fait écho à d’autres (les éléments, l’architecture…) par le traitement du mouvement dans l’espace. L’outil principal demeure la ligne. Elle est l’ondulation des vagues, ou ce qui serpente entre les parois d’une cathédrale, entre ses vitraux, conduisant notre regard, et recréant l’atmosphère qui règne en ce lieu. Un dessin sculptural qui s’anime de couleurs pâles, ou de tons très marqués : une belle découverte à la galerie Saphir, à Paris, dans le Marais.