VINCENT BEBERT

Atelier à Malakoff – Portes ouvertes les 1 – 2 – 3 MARS 2024

Ou tous les dimanches sur le Marché de la création Paris – Montparnasse, boulevard Edgard Quinet

Il y a dans la peinture de Vincent Bebert, un mélange de substances à forte densité et cela fait de sa matière picturale, une masse pleine et profonde qui touche le regard. Oui qui touche le regard, au sens premier du terme, puisqu’elle donne aux pièces un côté matiériste, à ceci près qu’il n’y a pas que de l’expressionnisme abstrait dans ce travail. L’expression de Bebert prend racine dans la nature et à plus forte raison dans les paysages. Nature et expression sont synchrones chez ce peintre qui ne prend possession du corps de la nature qu’en l’étreignant, qu’en expérimentant par lui-même ses forces et ses mouvements, là au milieu d’elle, à travers champs, qu’en transposant ses ressources sur ses toiles, par cette pluie, entre autres éléments, qui travaille la consistance du rendu pictural.

Il y a là des compositions où le contenu semble céder devant la forme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas là de représenter un médium, démarche très moderne en peinture, mais de donner à voir tout ce qui peut être ressenti face à l’immensité des montagnes de Bavière ou de Savoie. Il y a donc bien un motif, certes sans focus, mais c’est un motif éclaté sur toute la surface de la toile. Ce sont en effet des forces telluriques qui sont ici en présence et que le médium représente avec réalisme et matérialité.

Il n’y avait donc qu’un pas vers des tableaux plus figuratifs avec des formes particulières, des arbres, surtout des arbres, mais aussi des paniers de fruit et des bouquets de fleurs. Tout peintre paysagiste qu’il est, Vincent les situe toujours sur une pâte dense et lumineuse en fond, comme les ciels du Titien ou d’Odilon Redon. Le trait a donc fait son apparition et devance parfois la couleur.

Depuis tant d’années que je contemple le travail de Vincent Bebert, j’ai comme l’impression qu’il zoome de plus en plus sur des objets du quotidien, théière, verre, tasse de café, coupe de fruit et pot de cornichons, au point d’en faire les seuls modèles de ses tableaux, des vies silencieuses qui se suffisent désormais à elles-mêmes. C’est assez surprenant pour moi qui avais l’habitude d’embrasser du regard des immensités. Est-ce que ce peintre se renouvelle ou est-ce qu’il dévoile des trésors cachés ?