Cyril TRICAUD – Autoportraits en peintre – Galerie Tokonoma – Paris 3ème

Il y a de la maîtrise, sinon parfaite, du moins excellente, dans le rendu des tissus, leurs plis et leur ondulation, comme il y en a dans le doux rendu de la chair, leurs nuances savamment dégradées, le creux de la poitrine subtilement obtenu par un travail exclusif sur la couleur. Prouesse technique d’autant plus confirmée que les effets picturaux de l’huile sur toile se retrouvent identiques dans un fusain sur toile.

N’y a-t-il ici que du Delacroix ou du Flandrin ? Cyril TRICAUD ne s’inspirerait-il  pas aussi de grands maîtres de la renaissance italienne, ceux-là mêmes dont le travail forma, depuis Mabuse (né à Maubeuge en 1478 !),  des générations de peintres du nord de l’Europe ? Nous pouvons à mon sens percevoir dans le travail de Cyril TRICAUD, Antonello da Messina pour ce qui est de la représentation du tissu et de la chair, mais aussi Giorgione pour ce qui est du « colorito », pas de contour dessiné, que de la couleur… quoi que cela soit moins vrai dans certaines de ses pièces où il prend le parti du « disegno » et dessine les contours.

Cependant, ce que cet artiste cite surtout, c’est lui-même, et il fait bien. Ce choix narcissique pour certains est à mes yeux des plus philosophiques. En effet, ce n’est pas lui-même qu’il représente, mais la création artistique dans tout ce qu’elle a de singulier et de non substituable. L’autoportrait est ici une feinte. Ce qui compte, c’est la ré-appropriation personnelle, sinon de canons, au moins de techniques géniales dont la renaissance italienne a été le fer de lance : géométrie de la composition qui rappelle aussi Léonard de Vinci, travail sur le nu héroïque et symétrie centrée sur le corps musculeux, fond habité de symboles ou décors déréalisés quand le corps est tellement le sujet du « tableau ».

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