La perplexité anime celui qui s’y promène, mais le ravissement emplit l’esprit de celui qui s’y plonge. Des formes et des fonds se donnent à disséquer au travers de dessins et de photos, des dispositifs argentiques et des plexiglas imposants. Vaporeuses et insaisissables, provocantes et acidulées, des figures déambulent derrière ces pentes transparentes. Rondeurs douces et aiguilles piquantes interpellent. Se font entrevoir des corps, des corps qu’une fine géométrie dispose et par lesquels se contemple le mouvement. Le spectateur se saisit alors d’une intention artistique : figer le mouvement dans l’instant même de son tournoiement. Et c’est en mobilisant son imagination qu’il comprend : la matière vibre. Elle est lisse ou sableuse, contrastée ou homogène, vive ou pâle, le réceptacle de qualités riches et contradictoires. Par un jeu subtil d’empreintes, l’artiste donne à l’art ses règles, celles qui s’assimilent aussi aux règles de l’art. Ce génie originaire fait vivre la matière au travers de plusieurs registres : le dessin, la peinture et la photo. Et tout comme le langage, la matière devient plastique. Ainsi, au détour de ces diverses images, le spectateur qui décèle une tête de gorille n’est pas en contradiction avec celui qui perçoit un manège. Un champ de profondeur multiple nous happe dans les tréfonds de notre imagination.
Manuel Geerinck : « A brilliant online article by Amélie Colelli »
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