UNE EXPOSITION IN (GALERIE) OFF (DU MOIS DE LA PHOTO 2017) OUT (DANS LA RUE)
126 rue de Charonne – Paris 11ème
Il y a de la technicité dans cet art, mais la manière dont chacun s’en empare ne l’y réduit pas. La photographie ici à l’honneur se confirme en tant qu’art notamment dans les choix de positionnement de la lumière, et si ce n’est dans l’inventivité des mises en scène ou dans le croisement artificiel mais ô combien ingénieux de symboles en tout genre, au nom d’un message, au nom d’un signal, ou au nom d’une manifestation esthétique tout simplement.
Parmi les photographes-plasticiens, il y a Cécile Cée, artiste diplômée des Beaux-Arts de Paris, mais en outre philosophe de formation et féministe par conviction. Deux de ses pièces sont accrochées au Génie de la Bastille. Ce sont certes des tirages numériques, mais contre toute attente, il n’y a ici rien de mathématique. Le jeu des plans, la juxtaposition des temps, le contraste des couleurs, les associations d’objets, les emboîtements divers en témoignent amplement.
Il y a de la dualité dans ses photographies, à commencer par les titres : Fragile But Resistant et La Naissance d’Adam versus La Naissance de Vénus est-on amené à penser, tant le visage gracieux et centralisé dans la première pièce ici montrée rappelle le chef d’oeuvre de Botticelli. Cette femme qui se retourne et nous regarde, qui nous fixe avec insistance et nous défie, a le buste perché sur les jambes écorchées d’un mannequin de vitrine, subtile évocation de l’instrumentalisation contemporaine du corps féminin, franche provocation, mais hymne à la femme, l’être qui résiste, ode héroïque à sa force, celle que la (sa) nature lui donne… Les éléments artificiels du bas contrastent avec les éléments naturels du haut, le tout étant encadré de feuillage, celui d’une jungle si ce n’est celui d’une forêt, comme si en fin de compte, dans le duel entre l’artificiel et le naturel, celui-ci l’emporte toujours sur celui-là.
La dualité inhérente aux titres et aux images imprègne tout autant l’accrochage : La Naissance d’Adam ou la complainte de l’homme ? Là une femme en résistance, ici le corps d’un homme avili, rugissant de désespoir, ses genoux dressés, le visage effrayé par la réalité de sa condition… Une lumière tranchante comme moyen plastique de retranscrire la tragédie de cette condition, un éclairage modelant qui aiguise l’ambiance, valorisant la matière comme tenant et aboutissant du genre masculin : chapeau bas pour ce travail de composition et cette cohérence en tout point.
Art'icles d'Art 