Beaupassage (Paris 7ème)

L’arbre, ce motif fascinant, est au centre du travail des artistes de Beaupassage. Cet espace de disponibilité au beau et au bon est investi par leur pièce, notamment ses entrées. L’arbre y est presque toujours extrait de toute anecdote paysagère, mais contre toute attente, il en recrée. Il est donc usité comme symbole, comme aspiration à ou comme idée de. Dans ces différents artifices, il est conçu dans toutes ses ramifications et l’objet « arbre » sert à ce titre les différents sens qui se prêtent à la notion « arbre », ainsi que les différents objectifs que se donne à poursuivre Beaupassage : esthétique, gustatif, et poétique surtout… très poétique !

L’entrée par le boulevard Raspail est aménagée par Eva Jospin. L’installation se nomme  « La traversée » : d’un côté, une forêt, de l’autre, un miroir. Ce qui fait art en ce long corridor, ne réside pas seulement dans ces arbres sculptés dans du carton, procédé qui rappelle Michel Ange percevant la sculpture comme contenue virtuellement dans le marbre original. Ce qui fait art ici demeure aussi dans la scénographie. Le miroir donne en effet à la forêt une grandeur sans égal, à la fois dans et au delà des murs, création artificielle d’espace qui donne au regard une sensation d’amplitude et d’étendue, là au beau milieu d’immeubles parisiens.

Sculpture quant à elle coulée en bronze dans l’écrin de verdure qui occupe le centre de Beaupassage, comme un arbre en plus, « l’arbre neuronal », avec ses divers prolongements, évoquent à sa manière les différents métiers qui se retrouvent et se conjuguent ici. Il y a du Giacometti dans ce travail. Marc Vellay en partage l’attention à la matière, une approche plutôt informelle où pétrification et reprise donnent à cette matière sa forme finale.

L’entrée par la rue de Grenelle se fait via un porche peu ordinaire. Deux moulages d’un même chêne tricentenaire ouvrent la voie : l’un est vert, l’autre rouge. Fabrice Hyber propose ici une composition monumentale qui porte en elle arabesque, fluidité de l’organique et vivacité de tons. Et comme un rappel à l’enfance, une petite balançoire.

Romain Bernini a cependant peint un paysage qui nous porte un peu dans l’univers du Douanier Rousseau. Il y a en effet quelque chose de tropical et d’onirique dans ce travail: une végétation dense et luxuriante, en rupture avec le béton urbain, évocation d’un passage vers autre chose qui résume bien la vocation de Beaupassage.