Marion BARUCH

Enfant, je passais mes vacances dans la mercerie de mes grands-parents. L’idée m’est un jour venue de fabriquer des bonshommes avec des fermetures éclair : une bien fermée avec un anneau en guise de tronc et de tête, deux bien ouvertes (sans anneau) en guise de bras d’une part et de jambes d’autre part.

Cela faisait-il de moi une artiste en graine ? Certes non, mais cela me rappelle combien la matière en art est multiforme, et combien une chute de tissu peut à elle-seule incarner une oeuvre d’art, pour peu qu’on en détourne la destinée première, pour peu qu’on la travestisse dans un espace qui n’est pas le sien, pour peu qu’une nouvelle forme d’être au monde s’y investisse.

Tel est ce que donne à penser le travail de Marion Baruch qui crée des pièces à partir de chutes de tissu et les accroche dans une galerie d’art, lieu qui donne à voir d’un objet et de sa matérialité ce qu’autre part, nous n’aurions pu voir. Quel que soient son message et les mouvements auxquels elle se rattache (spatialisme, minimalisme, art conceptuel…) Marion Baruch nous rappelle à quoi sert l’art : à opérer une transfiguration esthétique de la matière, à faire de la matière un objet d’attention esthétique…

Marion BARUCH « Le parti pris des nuages » – galerie Anne-Sarah BENICHOU