GUERANDELLE Didier

Il y a du Martial RAYSSE dans le travail de Didier GUERANDELLE. Il en partage le goût de l’image et la superposition des médiums. Il y a aussi du Andy WARHOL dans son travail. Il en partage l’attrait pour les icônes médiatiques et les produits de consommation. Il y a donc du nouveau réalisme et du pop art dans les acryliques de Didier GUERANDELLE, à ceci près qu’il y imprime une empreinte singulière, quelque chose de subversif et de violent, à la limite du trash : des portraits défigurés, un crâne fendu, un corps ensanglanté, un visage difforme…

L’utilisation de plusieurs médiums dans des compositions un peu déjantées, la superposition incongrue d’individus et d’objets participent d’un constat, si ce n’est d’une critique, de la déstructuration actuelle des êtres, de leur dépersonnalisation dans le seul culte de leur fonctionnalité. A ce titre, des contours noirs accusés, des regards sombres, des sourires forcés par des lèvres faussement rougies peuplent les visages de ces peintures et collages. S’y ajoutent des larmes qui roulent comme les roues d’un caddie, une carte du monde froissée qui dissimule un regard, symboles d’âmes éperdues, dépassées par leur propre contexte.

Cet artiste-peintre, à la fois coloriste et plasticien, dessine avec brio le corps et ses mouvements. Il dispose d’une maîtrise avérée de la courbe et de l’arrondi, maîtrise qui participe de l’effet trompe-l’oeil de son travail : une main saisit la nôtre, un regard nous perce, une attitude nous attaque. Les formes ici rendues ont un aspect sculptural, déjà du fait des collages qui participent et des images et des supports, mais aussi dans le dessin lui-même. En effet, le cerne noir et les nuances d’incarnat favorisent la mise en perspective de leur volume et les investissent d’une matérialité certaine. Le trait et le travail chromatique qu’il emporte avec lui y creusent les sillons d’une expressivité hyper-réaliste, quelque peu fantastique : un rendu particulier qu’aucune image numérique ne saurait concurrencer.

Le finissage de l’expo de Didier Guérandelle au café Caumartin (13 rue de Caumartin – Paris 9ème, face à la sortie des artistes de l’Olympia) a eu lieu la semaine dernière, mais vous pouvez le retrouver sur guerandelle.com.

Artiste dont vous pouvez voir actuellement le travail au Café Caumartin : Catherine ALBEROLA