Naples à Paris – Le Louvre

Des tableaux du musée Capodimonte ont été prêtés au Louvre le temps de cette exposition. Ils seront rendus, c’est promis ! Bon… le Louvre garde les Noces de Cana, à l’origine empruntées à un couvent vénitien, mais restituer ce chef d’œuvre de Véronèse risquerait de l’endommager. C’est donc pour la bonne cause !

L’exposition « Naples à Paris » s’organise en trois moments. Dans la salle de l’horloge, se trouve un accrochage de cartons, c’est-à-dire de dessins faits aux mesures des peintures à exécuter. Ces dessins préparatoires sont réalisés au fusain, à la mine de plomb et reportés sur la surface des toiles au spolvero (poussière), à la pointe ou au stylet.

Dans la salle de la Chapelle, nous apprenons que les pièces du musée Capodimonte, sur les hauteurs de Naples, résultent d’une collection princière. Quatre vedute sont accrochées sur des panneaux disposés en ronde : des vues urbaines sur la baies de Naples, prises depuis la mer ou la terre et peintes par Antonio Joli, des panoramas sur la Méditerranée, sur la ville de Naples et sur le Vésuve qui emportent loin, très loin, le regard. L’accrochage qui entoure cette ronde de lumière est tout aussi fabuleux. La Madeleine portée au ciel par les anges de Giovanni Lanfranco révèlent une perspective atmosphérique parfaitement maîtrisée. Un portrait équestre magistral, réalisé par Antoine-Jean GROS, représente Joaquim Napoléon. De même, il y a quelque chose d’ample et de monumental dans le rendu des étoffes qui habillent les sujets des portraits réalisés par Le Titien et Le Gréco. Enfin, dans L’Aumône de Sainte Élisabeth de Hongrie, de Bartolomeo Schedoni, on voit poindre le baroque avec un puissant jeu de clair obscur.

Or pour le saisir, il convient de se tourner vers les peintures de la Renaissance et le parcours nous y invite dans la Grande Galerie. Les peintres cinquecentistes vouent un culte à la sculpture antique et ils la retranscrivent en peinture. Pour preuve de cette fascination, le rendu sculptural du volume par le modelé, notamment chez Parmigianino, dit Le Parmesan, qui s’attache à rendre avec précision le détail des tissus, qu’il soit velours ou soie, dans le portrait d’une jeune inconnue, peut-être une courtisane romaine. Sebastiano del Piombo a quant à lui réalisé un portrait de pape en lequel la virtuosité de la lumière anime le velours rouge de la mosette et sculpte le surplis blanc.

On s’approchera du baroque avec le ténebrisme de Caravage dans La flagellation où la lumière construit les volumes qui émergent des ténèbres. On y entrera pleinement avec les natures mortes de Luca Giordano et de Recco.

Or, on sent bien que les peintres baroques, avec leurs scènes de genre et leurs tableaux d’intérieur, se sont nourris des techniques picturales élaborées par les peintres de la Renaissance, et ce, en ce qui concerne le rendu des étoffes. Leurs peintures ont un côté moins grandiloquent, idéalisant moins la nature, mais elles conservent le modelé au centre de leur mise en scène, car c’est de lui que surgit le réalisme pictural recherché. A cette agilité concernant le rendu du volume, s’ajoute le retour de la couleur au premier plan par le biais du clair-obscur.