« BARAKEI » – Album créé avec et sur Yukio Mishima (1963) – jusqu’au 22 décembre
Il y a ceux qui viennent pour le photographe Hosoe, et ceux qui viennent pour l’écrivain Mishima. D’aucun n’est déçu par le talent de mise en scène de ces deux artistes japonais. Dans ces vingt épreuves palladium tirées dans le studio d’Hosoe à Karuisawa, l’attrait pour la théâtralité de l’un va de paire avec le goût de la renaissance de l’autre. Rondeur et circularité se dégagent du décor, dans les objets comme dans les poses : un oeil, une horloge, un tuyau d’arrosage, un soleil, un sein, une position foetale… En référence au temps, au commencement, à la maternité peut-être, ne serait-ce pas là l’empreinte d’une société matriarcale, et ce, contre toute attente ?
La Renaissance a ici toute sa place et c’est en multipliant les références iconographiques que le photographe dévoile le sulfureux écrivain. En témoigne la prise de vue d’un Mishima adoptant les allures du martyre Saint-Sébastien et qui rappelle plus que tout le Saint-Sébastien d’Andrea Mantegna. Celui-ci y exprime entre autre son amour pour le monde antique reconstitué en arrière plan. Cette nostalgie n’est-elle pas en écho avec le désespoir de Mishima face au déclin de la société japonaise traditionnelle ? Le culte de la renaissance, un choix stratégique ? La clin d’oeil à « La naissance de Vénus » de Botticelli le confirme.