Et si l’ancienne mairie de Wissant devenait un haut lieu de l’art contemporain ! Vœux pieux ? Pas si sûr ! C’est en tout cas ce que le dernier accrochage peut laisser présager… En effet, une scénographie riche et surprenante s’est laissé découvrir entre ses murs le week-end du 19 au 21 avril 2025. Les pièces de Danielle Darré Dettori côtoyaient les pièces de Virginie Delmas.
Les premières captent l’horizontalité des plages du Nord, les secondes capturent des postures. Si le bleu crée de la profondeur, comme un abîme qui happe notre regard, il dessine et colore différents motifs, chaque peintre ayant son motif de prédilection.
Il y a quelque chose de matiériste dans le travail de Danielle Darré-Dettori et à ce titre, elle a une manière très moderne de représenter le paysage. L’expressionisme américain au dernier étage du Guggenheim de Bilbao a tout à lui envier. L’horizon, la lumière, les perspectives, tout est dans la matière picturale, plus que dans le trait. L’artiste est dans une perception séquentielle du littoral, chaque pièce étant le moment d’un processus par lequel elle embrasse singulièrement une portion de paysage. Les couleurs incarnent les lignes du plan. Elles en dessinent l’architecture et en pointent les perspectives. Au service de l’organisation terrestre des éléments, des dégradés de couleurs froides se densifient et des tracés se matérialisent dans de larges sillons de matière.
A l’aune de ce qui la toucha un jour dans une attitude, au détour d’une plage ou d’un village de pêcheurs, Virginie Delmas travaille de grandes pièces en atelier, retranscrivant ce qui l’a piqué sur le vif. Il y a quelque chose de l’école de Wissant dans son travail, si ce n’est que son regard zoome sur un ciré ou un panier de poissons, plutôt qu’il ne s’empare de tout le paysage de la scène. Pas d’adieu donc de femmes de pêcheurs, tenant dans leurs bras leur progéniture et observant éplorées le flobart de leur mari prendre le large, mais des natures mortes qui parlent à leur manière de la même histoire. On retrouve ce chromatisme contrasté qui rend à lui-seul et avec un réalisme sans faille les plis des vêtements et la consistance des éléments, dans cette même lumière crépusculaire qui témoigne du labeur achevé. Un thème certes plus moderne dans la démarche d’un surfeur qui porte sa planche, mais où l’on retrouve la même détermination, le fatalisme en moins, à dompter la vague, si ce n’est la houle.
Chapeau bas à ces deux artistes de métier qui ont redonné à l’ancienne mairie de Wissant l’aura qu’elle avait perdue.




